La rue des ânes

18.40€
Abdelylah Lahmar
194 pages

Description

« L’hiver, on supportait mal le froid, cet hôte indésirable qui venait occuper les lieux du fondouk. Les hommes, quand il ne pleuvait pas, allumaient un grand feu au centre du mrah et tout le monde se mettait autour. Lalla Sabra, la plus ancienne des locataires, avait toujours de quoi satisfaire ses auditeurs, elle était tisseuse et conteuse. Elle aimait surtout raconter l’histoire où il était question de retour. Retour vers le pays d’origine, retour vers le passé, retour vers le foyer conjugal, retour vers le droit chemin, retour des hirondelles, des cygnes et des cigognes… »
Nous sommes au Maroc, à Kenitra, ville fondée par les Français en 1912. Un groupe de personnes habitant un fondouk, au centre de l’ancienne médina, tente de lutter contre l’avidité des entrepreneurs, prédateurs anarchiques des terrains.
Il n’y a pas que les guerres qui détruisent la civilisation humaine.

 

Né en 1964 à Sidi Yahia du Gharb, Abdelylah Lahmar a enseigné le français pendant 25 ans en collège et lycée. En parallèle, il a assuré la formation des enseignants de français. Animateur d’ateliers d’écriture, de conte et de théâtre, il s’active à présent à l’intégration des jeunes réfugiés dans les écoles autrichiennes.

Il a déjà publié deux recueils de nouvelles. La rue des ânes est son premier roman.

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Informations complémentaires

Poids260 g
Publication

E-Book

Auteur

Pages

Isbn

9782372860901

Format

148x210mm

Avis

  1. Rachid Lahmar
    0 out of 5

    :

    En lisant « La rue des ânes » d’Abdelylah Lahmar, j’ai pensé à une phrase d’ARMAND GATTI dans « Contre Opéra » : « Donnez aux hommes et à leurs images leur seule dimension habitable, la démesure ». Et oui, c’est ce qu’on lit et ce qu’on voit autrement dans les écrits d’Abdelylah Lahmar, il a toujours été un cartésien du quotidien dans tous ses écrits et il n’a fait que miroiter la réalité.

    Les gens du fondouk, Mellah, ancienne médina, Kenitra, même sans savoir où partir (page 47) restaient attachés à leurs paradis de misère, des chiendents qui survivent sans rien attendre d’une distribution des denrées alimentaires invendues dans les grandes surfaces. Leur survie est leur dignité et à chacun sa monnaie personnelle, Achour le tatoueur est un des bons exemples.

    « Dans les milieux pauvres vivent parfois des âmes savantes qui sèment le bonheur sur le chemin des autres » (page 159) : pour savoir pourquoi et comment, il faut d’abord lire « La rue des ânes ». Pour moi, même étant marocain, c’est d’un autre œil que je lis ce roman, car autrement lu, autrement vu, personne n’est coupable de ce qu’il a subi.

    Au début était le commencement, « Le fondouk, englué de noir, sombrait dans l’obscurité totale. » (Page 5), « et depuis Kenitra se perd dans une anarchie urbaine sans précédent. » (Page 190). Le problème emblématique est là, les humains se perdent et le béton prend place c’est comme pour dire « Vous étiez terre et vous reviendrez terre ». Ainsi parla monsieur l’architecte, le patron des mesures de stérilisation forcées des projets à venir. Il n y a pas que les guerres qui détruisent la civilisation humaine, il y a aussi les prédateurs anarchiques des terrains, les entrepreneurs, oui, les partisans de l’avidité qui utilisent les formes les plus extrêmes de l’exclusion à savoir l’anéantissement physique et psychique des personnes tel Chahid le rebelle (Page 187). L’auteur identifie un nouveau potentiel de l’exclusion sociale (Dada, Lalla Sabra…), celui de la pensée en tant que terme des droits de l’homme. « Déplacement » alors que les gens de son roman ont subi de tolérer malgré eux, l’inégalité au profits des mêmes caïds et moukadems, qui s’accaparent du festin en laissant aux démunis les miettes dont ils ne savent que faire.

    Dans son roman, Abdelylah Lahmar ne parle pas de scandale, ne parle pas d’un pour ou contre une soupe populaire, le scandale c’est que des gens de leur vie ne mettraient jamais les pieds ni dans un théâtre, ni dans un cinéma, leur propre vie en fera le scénario. La question est là : comment réagir quand on défait ce qui a été fait ? Les personnages de « La rue des ânes » vous rendront mieux ce moi, ils vous diront à travers les lignes qu’ils vivaient dans une société orientée vers le chacun pour soi, les acteurs ne le sont en rien, la société n’a plus besoin d’eux, car leurs voix et expériences sont devenues apparemment inaudibles.

    Pardessus tout gardons l’espérance, chacun de nous est un maillon précieux dans cette chaîne du visible qui nous unit et c’est par des gestes et des regards que se créent des liens, des langages et des rencontres.

    Merci pour cette lecture que je conseille aux curieux.

    Rachid Lahmar

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